C'est LeMatinDimanche qui nous l'apprend. Astrid Baud-Roche, adjointe au maire de Thonon-les-Bains,et membre du bureau du syndicat mixte de l'Agglomération franco-valdo-genevoise considère que les employeurs suisses qui emploient des travailleurs frontaliers français devraient payer au moins le 50% de leurs frais de transport.
Pourtant, depuis 2010, suite à une décision du Tribunal fédéral, les frontaliers peuvent déduire leurs frais de l'impôt à la source, et donc également leurs frais de déplacement. Pas suffisant semble-t-il, pas plus que le taux de change alléchant. Nul doute que cette revendication saura être relayée par nos syndicats, dont les travailleurs frontaliers sont désormais la force vive, tant la fibre syndicale de nos travailleurs résidents a été corrodée par quelques décennies de paix du travail. Ceci explique sans doute pourquoi la gauche helvétique, dont les syndicats sont le fer de lance, répugne à voir la réalité en face et à exiger une priorité territoriale en matière d'embauche*, se limitant à réclamer des mesures d'accompagnement plus efficaces et plus contrôlées à la libre circulation, ce qui ne constituera jamais une protection suffisante pour nos jeunes en fin de formation face à des travailleurs en provenance de l'Union européenne et disposant d'une expérience qui leur fait précisément défaut.
En fin de compte, ne devrait-on pas soutenir cette exigence ? Et même aller plus loin encore !
Ainsi, les employeurs qui engageraient un travailleur frontalier sans avoir préalablement annoncé le poste vacant à l'Office de l'emploi de leur canton, et qui refuseraient un candidat résident en Suisse disposant du profil du poste, devraient assumer intégralement les frais de transport ou de déplacement du travailleur frontalier engagé, sans possibilité de les déduire fiscalement dans la masse salariale. Ce serait ainsi une façon de participer aux efforts financiers du canton pour améliorer les transports des pendulaires.
Cette mesure ne contreviendrait pas aux accords bilatéraux, car un employeur ne pourrait pas être empêché d'engager un travailleur frontalier, si tel est son désir. Par ailleurs, un employeur qui engagerait un travailleur frontalier faute de trouver un candidat en Suisse ne serait pas pénalisé, dans la mesure où son annonce à l'Office de l'emploi resterait sans résultat.
Ceci devrait évidemment être associé à des mesures incitatives sur le plan financier et fiscal, afin de favoriser l'engagement de nos jeunes en fin de formation (ou moins jeunes en cas de nouvelle formation suite à un chômage).
Scandale criera la gauche : vous dressez des travailleurs contre d'autres travailleurs ! Scandale hurlera la droite : vous voulez mettre des entraves à notre économie.
Eh oui, le bon sens a encore du chemin à faire pour vaincre la mauvaise foi.
*afin d'anticiper les récurrentes remarques de certains bloggeurs, qui prennent un malin plaisir à entretenir la confusion, je rappelle que les ressortissants suisses domiciliés à l'étranger ne sont pas et ne seront jamais des frontaliers, puisqu'ils viennent travailler dans leur pays.