Certains votes du Grand Conseil ne sont pas jugés suffisamment dignes d'intérêt par les médias pour être rapportés à la population. Pourtant, quel enseignement pour l'électeur à s'arrêter au « détail » médiatique.
Ainsi, ce qui fut retenu du vote du 27 mai portant sur les dernières modifications de notre législation cantonale en vue de son adaptation au nouveau code fédéral de procédure civile, fut le débat d'arrière-garde visant à déterminer à quel moment un huissier judiciaire devrait intervenir en cas de résiliation du bail pour non paiement du loyer par le locataire. Ce débat est d'arrière-garde car, huissier ou pas, le couperet est imposé par le droit fédéral : après mise en demeure, par le bailleur, de payer l'arriéré dans les 30 jours, le juge ne peut plus refuser d'évacuer le locataire !
Le problème est évidemment ailleurs. Pourquoi un locataire se trouve-t-il dans l'impossibilité financière de régler son loyer ? Pourquoi les loyers sont-il souvent si élevés qu'un travailleur soit incapable de s'en acquitter ? Pourquoi un locataire dont le loyer est excessif pour son revenu ne parvient-il pas à trouver un logement au loyer supportable ? Voilà les vraies questions ! Les réponses vous les connaissez : on ne construit pas assez de logements à Genève depuis des décennies, et la situation ne change pas malgré la présence d'un Libéral (pardon PLR) à la tête du Département des constructions, et cela en grande partie en raison de blocages de la gauche qui trouve toujours quelque chose à redire lorsqu'un projet est enfin sur le point d'être réalisé.
Bref. Tel n'est pas mon propos aujourd'hui.
Ce 27 mai, une minorité de la commission du Grand Conseil chargée d'élaborer cette nouvelle législation, MCG, PS et LES VERTS (dans l'ordre alphabétique), proposait en séance plénière d'insérer la gratuité pour les procédures engagées par un assuré contre un assureur privé, lorsque l'objet de l'assurance couvre le décès et l'invalidité et ses conséquences, suite à une maladie ou un accident.
Après avoir accordé la gratuité pour les procédures devant les baux et loyers et les tribunaux de prud'hommes, il semblait logique et équitable de permettre au « pot de terre », l'assuré, de se battre à armes égales contre le « pot de fer », à savoir un assureur tenant les cordons de la bourse et profitant trop souvent de la précarité et de l'incertitude financière dans laquelle se trouvent les assurés atteints dans leur santé et leur capacité de travail, pour refuser des prestations pourtant dues. Elémentaire ! Et quelle force supplémentaire pour les droits des assurés !
Dans ce discours, MCG, PS et LES VERTS n'avaient rien à attendre du PLR, dont les couleurs sont majoritairement représentées dans tous les conseils d'administration de nos assureurs.
Quant à l'UDC, même si sa branche genevoise s'était montrée plus sensible aux avancées sociales ces dernières années, la volonté de sa nouvelle présidente Céline Amaudruz de vouloir singer jusqu'à l'incompréhension la position fédérale du parti, qui n'a de cesse de démanteler la couverture sociale en faveur les plus fragiles (personnes âgées, malades, chômeurs, invalides), rendait vain tout espoir de le rallier à la cause des assurés.
Restait le PDC, parti prétendument favorable à la famille, dont le vote était en l'occurrence dicté par Vincent Maitre, son représentant en commission... Rien n'y fit, comme un seul homme, le PDC vota contre cette proposition, qui fut refusée par 47 voix contre 45 !
Les assurés tiennent ici à remercier le PDC pour son vote de barrage. Il est vrai que les familles ne sont pas affectées par l'invalidité de l'un de ses membres....Il y a le discours, il y a les actes.